Libre. Venez participer !♥ | La soirée s'annonçait belle et douce, bercée par les lumineux rayons du soleil couchant. Pas un bruit ne coupait la mélodie interprétée par ces étranges oiseaux chanteurs de Wonderland. Pas un souffle de vent ne faisait bouger les nombreuses plantes du Jardin du Château de Coeur, au centre duquel se trouvait un imposant labyrinthe, où, selon une légende sans fondement rationnel, la Reine cachait les victimes qu'elle trouvait trop impures pour une décapitation publique. Des gardes, de leur corps faites de cartes à jouer, bloquaient avec ferveur l'entrée donnant sur le Grand Hall de l'impressionnante demeure de la souveraine du Royaume aux indésirables. Des enfants sans visages, trottinant sur les trottoirs de la ville, jouaient et mimaient la grande réception qui se tiendrait ce soir au palais.
Un évènement non réellement rare et occasionnel, puisqu'il était courant que leur Altesse convie quelques personnalités du Château de Coeur à se joindre à elle lors de son dîner, mais qui procurait une certaine curiosité de la part des cancans et autres racontards du peuple du Royaume. Quelle robe porterait-Elle ? Quelles seraient Ses prochaines excentricités ? Qui seraient Ses invités ? Exécuterait-Elle un serviteur qui L'aurait déçue, comme la dernière fois ? Les paroles et interrogations allaient de bon train dans les rues qui longeaient le Château.
Vivaldi, quant à elle, drapée dans une tenue des plus extravagantes en soie et en satin, s'impatientait, comme bien souvent, diront les mauvaises langues. Les sourcils froncés, la bouche crispée, le teint légèrement cramoisi, elle se retenait de crier, se retenant peut-être inconsciemment de briser cette douce torpeur dans laquelle la plupart des habitants semblaient plongés. Finalement, ne tenant plus, et au risque d'effrayer ceux qui avaient eu la décence de venir suite à son invitation, sa voix s'éleva, stridente, de ses quartiers. "CLARAAAA !!" La servante, entendant son nom scandé avec tant de férocité, accourut avec effroi en direction de sa dirigeante. "Madame ? Sa voix, tremblante, trahissait la peur de ne pas avoir été à la hauteur, d'avoir trahi la confiance de la reine, de mourir prochainement. "Nous attendons depuis presque cinq minutes que vous daigniez d'apparaître. Pensez-vous que nos cheveux se coifferont seuls ? Vous avez failli à votre tâche, et nous sommes déçues. Très déçues. " La reine, s'exprimant avec une sécheresse apparente, foudroyait de ses yeux violets la jeune femme. "Peignez-nous correctement. Et rapidement. Nous ne voulons pas être en retard à notre propre dîner. " La servante de la reine avala sa salive, et tortillant, crêpant, brossant, attachant les boucles brunes de Vivaldi, se surprit à espérer la clémence de cette dernière. Espoir inutile et rapidement brisé par cette dernière, qui aussitôt satisfaite, envoya ses gardes l'emmener au cachot le temps de la soirée, avant son supplice de plus en plus proche.
À peine une poignée de minutes plus tard, la souveraine rouge se tenait dans la grande salle à manger décorée de grand nombre de tableaux, de lustres en cristal, de sculptures luxueuses. Un sourire éclairait son visage fin, tandis que chacun de ses courtisans qu'elle avait convié ce soir-là lui offraient présents et paroles respectueuses, attestant de sa puissance absolue au sein de son Royaume. Finalement, lorsqu'elle vit que tous les sièges en forme de coeurs furent occupés, elle se leva avec grâce du petit trône qu'elle occupait lors de ses repas, et de son ton majestueux, souhaita la bienvenue à tous : "Mes chers, très chers invités. Nous sommes heureuses de vous voir siéger à cette table, auprès de nous. Nous espérons sincèrement que vous passerez une excellente soirée, et que votre compagnie nous sera agréable. À présent, nous proposons de commencer le festin !" Le chef cuisinier ouvrit prudemment les portes qui dissimulaient les cuisines, et s'avança en compagnie d'une dizaine de serveur dans la grande salle. Observant durant quelques instants ceux qui allaient dans quelques instants ses petits plats, il annonça : "Afin d'entamer comme il se doit votre repas, je vous propose de déguster une laitue aux truffes, accompagnée de son pâté d'anguille en brioche. Bon appétit." Vivaldi, à l'annonce de ce menu, sourit largement, et se frotta les mains. La soirée commençait.
|